Les micropolluants dans les eaux usées

Découvrez notre étude et l’importance de protéger les milieux aquatiques

Le Synteau est fortement mobilisé sur la problématique des micropolluants présents dans les eaux usées, un sujet insuffisamment pris en compte aujourd’hui. Ses entreprises membres proposent pourtant des solutions pour les traiter sur les stations d’épuration. Nous avons ainsi initié une étude, inédite dans le monde, afin d’évaluer l’impact de ces substances à l’échelle de la France. Cette étude a été confiée à l’INRAE et les résultats ont été publiés en 2020.

286 substances ont été étudiées, issues notamment de listes de molécules recherchées de manière réglementaire ainsi que d’études ayant été réalisées sur le sujet. Pour les 153 micropolluants organiques ayant pu être quantifiés, un flux total de 146 tonnes par an rejeté au milieu naturel a été calculé. L’étude met également en évidence qu’une espèce aquatique pourrait disparaitre tous les 10 ans en moyenne du fait de ces rejets de micropolluants. Les impacts calculés sont donc très significatifs alors que seule la partie émergée de l’iceberg a pu être estimée : plus de 110 000 substances sont aujourd’hui mises sur le marché en Europe !

Qu’est-ce qu’un Micropolluant ?

Le terme de micropolluant désigne des substances organiques ou minérales qui peuvent avoir des impacts sur la santé humaine et sur les milieux aquatiques.

Les micropolluants sont des substances qui entrent dans la composition de produits d’usage domestique, médical, industriel ou agricole. Ils sont présents dans l’environnement du fait des activités humaines et ont un impact sur l’environnement à très basse concentration (de l’ordre du µg/L au ng/L dans les milieux aquatiques).

  • Les micropolluants organiques (composés aromatiques, hormones, résidus médicamenteux,
    pesticides…) ont des effets reconnus sur les organismes vivants, certains étant déclarés comme perturbateurs endocriniens ou cancérigènes.
  • Les micropolluants inorganiques (des métaux principalement) peuvent avoir différents effets sur la santé, selon leur nature, tels que certains cancers, l’atteinte du système nerveux, des troubles gastriques…

Les eaux usées contiennent une très grande variété de micropolluants qui ne sont pas complétement
éliminés lors des traitements d’épuration et se retrouvent dans les eaux rejetées dans l’environnement.

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D’où proviennent ces micropolluants ?

Les substances que l’on retrouve dans les eaux usées proviennent notamment de notre consommation en produits du quotidien, mais aussi du lessivage en période de pluie

  • Médicaments et produits hormonaux
  • Les détergents
  • Les cosmétiques
  • Les rejets des industries.
  • Lessivage des voiries et ruissellement sur les toitures

Les activités agricoles sont également une source de micropolluants mais, ceux-ci migrent le plus souvent directement dans les cours d’eau et les nappes phréatiques sans passer par les stations d’épuration urbaines.

Or, même présents à de faibles concentrations, les micropolluants ont un impact sur les milieux aquatiques (poissons, mollusques, algues, …). Tous les phénomènes ne sont pas encore bien connus, mais il existe désormais de nombreux éléments pour admettre la présence d’effets sur les milieux.

Mais du coup, comment éviter de rejeter des micropolluants dans l’environnement ?

En France, la stratégie pour réduire les micropolluants dans l’environnement se base pour le moment principalement sur des réductions, voire des interdictions d’usage en amont des stations d’épuration, du fait de leur toxicité. Cependant, l’étude Synteau-INRAE a montré que certaines substances réglementées, et/ou interdites, comme les PCB, se retrouvent encore dans les effluents de station d’épuration du fait de leur très longue persistance et figurent parmi les micropolluants contribuant le plus aux impacts sur l’environnement.

La réduction des émissions à la source est une mesure indispensable mais qui prend donc du temps pour faire effet, et surtout qui ne pourra pas éliminer tous les micropolluants impactants. La mise en place de traitements spécifiques sur les stations d’épuration est donc indispensable.

Quelles solutions ?

Les stations de traitement des eaux usées en France ne sont aujourd’hui pas équipées pour réduire les concentrations en micropolluants. Des pays comme la Suisse, pionnière en la matière, ont décidé de réaliser des aménagements sur un nombre conséquent de stations d’épuration. Cela n’est pour le moment pas le cas en France où les micropolluants ne sont pas spécifiquement traités.

Il est indispensable de prendre dès aujourd’hui des mesures concrètes afin de réduire les micropolluants émis dans les rejets des stations d’épuration. Ces traitements spécifiques pourraient rapidement être mis en œuvre à l’aide des technologies existantes. Il s’agit notamment de procédés d’oxydation ou d’adsorption sur charbon actif. Les surcoûts engendrés, s’ils ne sont pas négligeables, semblent raisonnables au vu des risques pressentis en termes de santé humaine et d’impacts sur les milieux naturels, notamment aquatiques. On estime que ces surcoûts sont compris entre 5 et 15 euros par personne et par an en prenant en compte les dépenses d’investissement et d’exploitation.

Chiffre-clé à retenir :

Environ 1 espèce disparaîtrait en moyenne tous les 10 ans à cause des micropolluants qui ont pu être étudiés